Le 11 novembre 1918, vers 5h15 du matin, l’Armistice de la Grande Guerre était signé en forêt de Compiègne dans le train du Maréchal Foch afin de faire cesser immédiatement les terribles combats de la Première Guerre mondiale. Le bilan humain est lourd pour tous les pays engagés : des millions de morts, de disparus et de mutilés, autant de vies brisées et de familles éplorées. Exsangue, la France, mettra plusieurs décennies à se remettre du conflit avant qu’un autre n’éclate.

Plus ce grand moment historique s’éloigne de la mémoire vive, plus il est essentiel d’associer les jeunes à son souvenir. C’est ce qu’ont souhaité les autorités civiles et militaires pour la commémoration de l’Armistice qui s’est déroulée au monument Gabriel-Péri ce lundi 11 novembre. La présence, aux côtés des officiels et d’anciens combattants de 120 jeunes, lycéens des établissements Bonaparte, Dumont d’Urville, Notre-Dame, élèves des collèges Voltaire et Pierre-Puget, Cadets de la Défense et jeunes effectuant leur service national Universel (SNU), a empreint la commémoration d’un caractère intergénérationnel fort. Entre 1914 et 1918, 1,45 million de jeunes Français ont perdu la vie ; des centaines d’entre eux étaient Toulonnais. Leurs noms sont gravés, à jamais, dans le marbre des monuments aux morts érigés dans les quartiers de la Ville et, plus étonnant, au sein du collège Peiresc.

Moment de recueillement pour les élèves de Peiresc

C’est là que s’est rendue quelques jours plus tôt, Josée Massi, maire de Toulon, entourée de nombreux élus, pour rendre hommage à la mémoire de 214 élèves, 4 professeurs et 2 agents morts pendant la guerre 14-18. La stèle au pied de laquelle le premier magistrat a déposé une gerbe de fleurs au nom de la Ville a été érigée en 1921, grâce au financement des élèves de cet établissement (dénommé alors « lycée de Toulon »), qui formeront plus tard l’association l’A de Toulon. Cette association s’active encore aujourd’hui pour rassembler le plus grand nombre d’anciens lycéens Toulonnais. Dès la rentrée des classes, professeurs et collégiens ont travaillé à l’organisation de cette cérémonie émouvante qui a mis côte à côte les représentants des associations d’anciens combattants et les jeunes. Parmi les élèves de 3^e présents à la cérémonie, plusieurs d’entre eux portaient avec fierté l’uniforme des Cadets de la Défense, dispositif qu’ils ont intégré à la rentrée (lire en savoir plus). Tous ont participé à la cérémonie avec beaucoup de solennité, regardant avec respect les gestes des porte-drapeaux et ceux de leur ancien professeur d’histoire-géographie, qui avait revêtu pour l’occasion sa tenue de sous-officier de réserve du 54^e régiment d’artillerie, écoutant avec attention l’allocution du premier magistrat : « Plus d’un siècle après la fin du premier conflit mondial, il est plus que jamais important d’enseigner celui-ci aux plus jeunes et de les encourager à s’approprier cette mémoire. Les jeunes générations sont dépositaires d’un héritage mémoriel…

Josée Massi : « Accompagner les jeunes sur le chemin de la mémoire »

… Mais pour devenir des citoyens libres et éclairés, elles doivent comprendre la portée de ces temps de mémoire. Et le premier magistrat, dont la carrière de professeur n’est pas si loin, de poursuivre : « Il faut donc les accompagner sur le chemin de la mémoire et leur proposer des projets pédagogiques au-delà des commémorations elles-mêmes. C’est exactement ce qui est fait au collège Peiresc et c’est pour cela que j’accorde une grande importance à ce moment que nous partageons aujourd’hui autour du devoir de mémoire…

… N’oublions jamais que la première guerre mondiale a été la grande catastrophe initiale du 20^e siècle et qu’elle explique toute l’histoire du 20^e siècle. Ses conséquences ont été démographiques, mais également sociales et politiques. La montée du nazisme, des populismes, la deuxième guerre mondiale, la guerre froide, la naissance de l’Union européenne, tous ces rendez-vous de l’Histoire puisent leurs racines dans la première guerre mondiale…

« Un sacrifice gravé à jamais dans l’épiderme de la France »

… Qu’ils soient morts au champ d’honneur ou rentrés chez eux après 4 ans dans les tranchées, les soldats engagés sous le drapeau français ont connu l’horreur, le froid, la faim, la misère, les combats, la mort, le deuil… Leur souffrance et leur sacrifice doivent rester à jamais gravés dans l’épiderme de la France."

Après le dépôt de gerbes et le salut aux porte-drapeaux, un autre moment émouvant était réservé à l’assistance par une huitaine d’élèves de la classe de 3e aménagée Théâtre. Ces derniers ont interprété avec talent plusieurs saynètes mettant en scène un soldat amputé du bras, n’ayant plus la force de continuer à vivre ni d’écrire à ses parents, et une infirmière admirable consacrant son court temps de repos pour lui redonner courage.

*Cette cérémonie protocolaire s’est déroulée en présence de Valérie Mondone, Guy Le Berre, Jean-Charles Brochot, Thierry Campus, Yann Tainguy, Guy Raynaud et Rachel Roussel, élus toulonnais, d’Anne Chiadorla, directrice académique adjointe, d’Alexia Massoni, principal du collège, de Fabien Boy, principal adjoint, de Louis Frasses, professeur d'histoire-géographie et sous-officier de réserve, de Laurence Sanchez, professeur de français et de théâtre, d'Estelle Leblin, professeur d'anglais et coordinatrice du dispositif des Cadets de la Défense, de nombreux enseignants, de représentants de l’Union Nationale des  combattants et de l’association « l’A de Toulon », de Mariano de Souza, président du Relais socioculturel Peiresc et président de la fédération des CIL de l’ouest toulonnais et de Pierre Commene, président du CIL des places d’Armes et Liberté.