Toulon se souvient de ses héros
Les commémorations du 80e anniversaire de la libération de la Rade de Toulon se sont tenues ce mercredi 28 août, au monument aux Morts de la place Gabriel-Péri en présence de Patricia Mirallès secrétaire d’État démissionnaire aux Anciens combattants et de la Mémoire.
« Ce qui m’intéresse, c’est de voir toutes les personnes qui sont là pour commémorer les soldats qui sont morts pour la France et de penser à eux », explique Fanny Laussel. À 9 ans, elle est déjà porte-drapeau. Probablement la plus jeune du Var. Depuis deux ans, elle accompagne son papa aux différentes commémorations. « C’est elle qui choisit les cérémonies auxquelles elle veut participer », précise Franck Laussel, président de l’Association des familles pour la mémoire de la déportation Var (AFMD Var). Ce 28 août, pour la première fois elle s’est joint aux commémorations de la Libération de Toulon. Un 80e anniversaire célébré avec émotion et solennité marqué par la présence de Patricia Mirallès, secrétaire d’État aux Anciens combattants et à la Mémoire.
Digne et respectueuse, tête nue et bachis en main, que Fanny a accompagné Josée Massi, maire de Toulon, au pied du monument aux morts de la place Gabriel Péri. Ensemble, elles ont déposé une gerbe en mémoire de tous ces soldats tombés au combat pour libérer Toulon de l’occupation nazie. Pour l’édile, la présence de la jeune fille est symbolique. La parfaite illustration de son discours : « Nous qui sommes nés en temps de paix, grâce à ceux qui ont tout sacrifié pour restaurer cette fragile mais ô combien précieuse paix, nous sommes désormais les dépositaires et les passeurs de leur histoire, de notre histoire ».
Réinventer le devoir de mémoire
« La Seconde Guerre mondiale était une guerre idéologique (…). L’horreur du totalitarisme peut revenir à tout moment, le mal n’est pas éradiqué. Il est tapi dans l’ombre, prêt à ressurgir. N’oublions pas qu’Hitler est venu au pouvoir par la voie démocratique. Nous allons devoir réinventer jour après jour notre mode de communication autour de notre devoir de mémoire », a poursuivi la première magistrate devant un parterre composé des autorités civiles, militaires, d’associations patriotiques et d’anonymes venus se souvenir qu’il y a 80 ans, il aura fallu 13 jours pour que le drapeau français flotte à nouveau « sur la plus belle rade du monde », a indiqué Patricia Mirallès. « Rien, de la belle mémoire de ces soldats d’Afrique, ne doit être oublié. Leurs noms doivent continuer à être donnés à nos rues, à nos places pour inscrire leur trace impérissable dans notre mémoire », a conclu la secrétaire d’État aux Anciens combattants et à la Mémoire qui avait commencé son intervention par une ode à Toulon.
Après le dépôt des gerbes, la sonnerie aux morts suivie d’une minute de silence, la flamme a été ravivé. Puis, un honneur a été rendu au drapeau le plus décoré de France, celui du Régiment d’infanterie des chars de marine basé à Poitiers. La cérémonie protocolaire avait débuté par un hommage rendu à Jean Moulin puis au maréchal De Lattre de Tassigny, commandant de l’Armée B. Elle s’est clôturée par un vin d’honneur au jardin Alexandre Ier dans une ambiance musicale d’après-guerre.
L’objectif des forces alliées était de prendre le port de Toulon au plus vite après le Débarquement de Provence, le 15 août 1944. Le 19 août, De Lattre de Tassigny, général au moment des combats, met en place les manœuvres d’encerclement de la ville. : pénétration des troupes par le nord, opération de harcèlement en centre-ville par les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI).
La bataille de Toulon se déroule du 20 au 26 août en trois phases bien distinctes :
- L’investissement du secteur : contournement de Toulon par le nord pour atteindre Bandol à l’ouest et par le nord-ouest à la hauteur des Quatre Chemins des Routes. Le 20, une première compagnie de tirailleurs algériens pénètre dans la cité et fait le tour des installations de défense allemandes
- Le démantèlement : les troupes qui progressent sur l’est de Toulon sont accrochées par des poches de résistance allemande entre le Pradet et La Valette. Au nord, le bataillon de choc, le 3e régiment de tirailleurs algériens et les FFI prennent position sur le Faron. Le 22 août, la ville est encerclée par les forces françaises. Seule la place forte de la Poudrière sur la colline Saint-Pierre résiste. Elle sera détruite suite à des tirs de fusil mitrailleur qui déclencheront l’explosion des munitions qu’elle contenait
- La reddition : Toulon tombe le 26 août. Le 27, soldats français et Forces Françaises de l’Intérieur défilent sur le boulevard de Strasbourg. Il faudra attendre le 28 août et la capitulation du contre-amiral Ruhfus, réfugié dans les fortifications de Saint-Mandrier pour que la rade de Toulon soit libérée.
Selon De Lattre de Tassigny, les pertes de l'armée française sont de 2 700 morts ou blessés dont 463 Africains (72 tués, 17 disparus et 374 blessés). Les Allemands comptent environ 1 000 tués et 17 000 prisonniers.
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